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Shugyo
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11 janvier 2008

Mon Kendo aujourd'hui

Si vous avez lu les articles précédents dans le domaine, vous devez très certainement vous demander où j'en suis au Kendo.
Pas loin, en fait, puisque le début de mon histoire avec le kendo est très inhabituelle.
Voire une erreur...
Les maîtres d'arts martiaux disent souvent que Pratique et Connaissance ne font qu'Un.
C'est bien vrai, surtout dans une discipline martiale: avoir uniquement une érudition dans un domaine impliquant autant le corps, le ressenti, l'effort, ça semble assez inutile.
Et pourtant... C'est bien le seul chemin qui peut mener quelqu'un comme moi à un dojo!
Je ne suis pas un sportif de toujours, et mes proches riraient aux larmes en lisant cet euphémisme.
L'érudiction dans la matière a peu de valeur intrinsèque, mais a eu une énorme valeur extrinsèque pour moi, puisque ça a été le chemin qui m'a finalement amené au vrai chemin: la pratique. J'ai pour l'instant l'intuition même qu'il y a une utilité supplémentaire. S'intéresser à quelque chose, c'est bien. Ressentir quelque chose vibrer en soi lorsqu'on s'y plonge, ne fut-ce qu'intellectuellement, c'est mieux.
Il y a deux "Michi" en Kendo. Michi, c'est encore un terme pour dire "Voie" en japonais. Là j'aurais du mal à vous le traduire en plus fin, mais je dirais juste que pour moi, le Michi c'est la réalisation du Do à travers le Shugyo... Je sais, pas évident ^^.
Il y a un Michi du corps, celui qu'on travaille en premier usuellement: on apprend les gestes, les déplacements, les attaques, les fondamentaux, le répertoire technique... Bref, le kendo comem énormément de gens le conçoivent: l'art de manier un succédané de sabre, de combattre avec.
Mais le kendo, de pensée de Maître, ça n'est pas ça. Ces techniques, ce support, le sabre, ne sont qu'un moyen de se forger soi-même, de s'astreindre à une discipline, de se donner un genre de grille de lecture de Soi et de l'Homme, pour apprendre au final à Vivre et à comprendre le monde qui nous entoure. Le comprendre mieux qu'avec son intellect seul: le comprendre avec son Moi entier, Corps, Âme, Esprit. C'est le second Michi, le Michi spirituel, le vrai but du Kendo. Voilà pourquoi le Kendo comprend si peu d'attaques, s'il paraît si épuré, si simple et souvent très restrictif au niveau de ses règles, pou run esprit européen: le but n'est pas d'apprendre à couper un adversaire en rondelles, mais de comprendre un peu mieux certaines choses sur l'Homme. Peu importe donc les techniques, les coupes, et tout le reste. L'important, c'est de faire avec application ce qu'on vient apprendre, de respecter maître et partenaire, de faire des efforts, de souffrir, de grandir, de s'améliorer, vers le but avoué du Kendo: former un homme accompli.

Si pour le Michi de l'esprit le Michi du corps est catégoriquement indispensable, je constante en moi que l'un enrichit l'autre, et vice versa. Je n'aurais jamais eu autant d'envie de pratiquer une discipline physique sans cette approche spirituelle. Et, chaque entraînement, chaque rencontre, chaque mouvement des bras, des jambes, m'apprend quelque chose de spirituel, à travers les échecs, les succès, l'effort et la douleur. Je reviendrais sur ces deux derniers concepts, fondamentaux à mon avis, pour tenter de vous expliquer ce que j'y trouve et ce que j'en pense, et peut-être pour convaincre certains d'entre vous que ça n'est pas une histoire de masochisme ^^.

Mais pour le Kendo, aujourd'hui, j'en suis où?
J'ai commencé le Michi du corps en septembre 2007. J'en avais fait un peu auparavant, mais çe ne peut pas vraiment compter, nous étions plus une bande de copains avec des bouquins et quelqu'expérience dans d'autres disciplines d'arme, qu'un dojo avec un Maître.
A 26 ans, c'est dur de s'y mettre, mais ça fait partie du challenge!
J'ai tout de suite mordu, j'ai presqu'instantanément compris que je venais de découvrir quelque chose qui allait me suivre longtemps.

Aujourd'hui, en récompense pour nos efforts de débutants, les membres de notre promotion vont passer l'armure complète. Ca fait un moment que nous portons Tare et Do, la jupette de protection basse et la cuirasse. Elles nous permettent de nous entraîner aux coupes Do autrement qu'avec un shinai pour cible.

Le Père Noël est passé en fin d'année pour m'offrir mon armure, un beau grand paquet comme les aiment les enfants, tout frais arrivée de Corée. A 700 € mon compte en banque a hurlé, mais j'ai oublié mon malaise en ouvrant mon colis: de parent je suis redevenu enfant. Noire et bleu nuit, réhaussée de fils rouges, elle est magnifique. Quatre mois, c'est à la fois court et long, et ça m'a semblé une éternité. Combien j'ai pu attendre le feu vert de notre maître nous indiquant qu'on pouvait commencer à chercher une armure.

Pourtant, j'ai conscience que ça n'est pas une consécration, mais le droit à poser le premier pied sur le grand escalier qu'est la Voie du Sabre.
J'ai fait une marche, consacrée toute entière à l'étude des bases élémentaires du Kendo. Il y en a une infinité d'autres. Ca pourrait sembler décourageant, mais c'est au contraire très libérateur. On marche sur l'escalier qu'on se construit pour s'élever, en suivant les conseils avisés d'un maître et de plusieurs aînés, qui ont monté bien d'autres marches encore. Il n'y a pas d'objectif, pas de pallier, pas d'étage: plus on monte de marche, plus il faut en construire, c'est sans fin.
Sans fin, donc sans objectif, et quelque part sans stress. La seule contrainte, mais c'est peut-être la plus dure de toutes, c'est seulement de continuer, et d'être moins mauvais de jour en jour.

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