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Shugyo
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28 janvier 2008

Parades au Kendo

Le Kendo étant une discipline essentiellement offensive, on trouve peu, dans la littérature officielle ou même sur le web, de commentaires sur ce qu'on appelle les contre, ou les parades, en escrime occidentale.

Même dans le cursus d'un élève, on apprend d'abord à faire Men, Kote, et Do, avant d'apprendre le moindre contre. Ceci étant à mon avis, destiné à imprimer chez le jeune Kohai l'esprit offensif du Kendo. Il est plus vital, pour l'esprit de l'art, de maîtriser Men, avec Kiai, Ki ken tai, bonne posture et bon dynamisme, que de connaître comment réchapper à une attaque aussi terrible.

Cela ne veut pas dire, loin s'en faut, qu'il faut négliger les parades. J'entends dire, au sujet de nombreux pratiquants de niveaux bas ou intermédiaire, que leur kendo est un kendo brouillon, sale, un kendo "atekko", c'est à dire basé sur des frappes incessantes sans se soucier de faire un kendo propre, dépouillé, simple.

Quand notre maître fait geiko, il ne frappe pas à tort et à travers, mais une fois, deux maximum, toujours à propos, et bien sur au but. ^^

L'à propos, c'est une concept valable quel que soit le sport de combat, l'art martial, le type d'escrime. Ferrailler ne sert à rien, sans intention, sans intuition. Frapper en tous sens en espérant "que ça va finir par passer", c'est une dégénérescence de l'art en sport, à cause de conventiosn sportives: ce qu'on fait sans aucun risque avec un shinai de 450 grammes, le ferait-on avec un katana d'un kilo ? Quelle fatigue, combien d'ouvertures de la garde en résulteraient ? Au Kendo on ouvre peu et on arme peu parce qu'on manie un shinai et qu'on vise la plupart du temps un Ippon. S'il s'agit de vraiment couper avec une vraie arme, plus lourde, il faut armer plus loin, donc ralentir ses gestes, et donc davantage ouvrir sa garde. Un manque d'à propos, et c'est la mort...

Principalement, l'à propos de l'attaque, au Kendo, tombe dans trois catégories:
- En devançant l'adversaire, en frappant en premier
- En contre-attaquant au moment où son attaque est armée
- En contre-attaquant au moment où son attaque arrive sur vous.

Dans le premier cas, qu'on appelle "debana", c'est une histoire d'intuition, de seme, de Ki. L'icône habituelle est de dire que l'attaque la plus pure du kendo est un grand seme qui crée une ouverture dans la garde de l'adversaire ou un pas à contre temps, et un grand men en debana.

Mais ce Saint Graal de la technique du Kendo, ça n'arrive pas souvent, et pas avant un excellent niveau. Pour nous pauvres mortels, nous nous exposons à riposte au moindre mouvement, parce que notre Ki est insuffisant pour créer un seme suffisamment fort pour fixer l'adversaire comme on épingle un papillon...

Il ne nous reste plus qu'à travailler les deux moments qui suivent. Et dans ce travail, les esquives (nuki) et les parades sont très utiles !

L'esquive, c'est tout un art du corps, que les japonais appellent le Tai Sabaki (le corps qui se déplace). Se trouver là où on n'est pas attendu, à la fois pour ne pas être marqué, mais aussi pour se placer là où on peut marquer plus facilement, ou même marquer effectivement en même temps, comme dans Men Nuki Do, où on plonge sur l'adversaire à l'armé du Men, sur le côté droit, pour marquer en Do.

La parade, elle, est aussi un léger déplacement du corps, mais moindre que l'esquive, avec par contre un mouvement, plus ou moins vif, du sabre.

Comme dans toute escrime qui se respecte et qui n'est ni du théâtre, ni de la cascade hollywoodienne, il y a deux principes qu'on se doit de toujours mettre en application:
- On ne bloque pas une frappe, à moins de ne pas avoir d'autre choix.
- On ne pare pas avec le tranchant de la lame contre le tranchant de la lame adverse: si vous le faites de cette façon avec une arme réelle, vous allez provoquer de graves coupures sur les tranchants, voire les casser complètement, en un rien de temps. C'est ce manque de réalisme qui plombe presque tous les films présentant de "l'escrime".

Au Kendo, il y a quatre "parades" possibles, comme on a quatre attaques:
- Harai
- Kaeshi
- Maki Otoshi
- Suriage

HARAI: C'est une très étrange parade que celle-ci, mais une de mes préférées: c'est une parade "offensive" ! Elle correspond au "battement" en escrime médiévale. Elle est souvent utilisée en conjonction avec seme, un tout petit pas en avant, on entre dans la garde et on chasse le sabre adverse de côté avec le sien, entre le premier tiers de notre lame et la moitié de la sienne, d'un claquement sec effectué des deux mains pour donner de la force et ne pas ouvrir sa garde (s'exposant selon le sens d'ouverture à Men ou Kote).
Elle s'effectue de "to maai" ou "Nissoku itto no maai", c'est à dire de "loin". On enchaîne en général sur Men.
=> Très pratique pour entrer dans la garde d'un adversaire qui n'attaque pas comme un bourrin et se met en attente d'une erreur, en garde bien solide.
=> Devient très prévisible si elle est répétée, et expose en général à Kote, sauf si on est spécialiste.
=> Si les sabres se bloquent, il ne faut pas insister, sinon on prend Kote d'une manière très simple: au lieu de s'imposer, l'adversaire lève son arme et frappe alors qu'on est entraîné sur le côté par sa propre force !
=> Cette attaque au shinai ouvrant souvent sur Men, guettez la réaction de votre adversaire: s'il lève les mains pour protéger son Men, profitez-en pour lui coller un Do !

KAESHI: Kaeshi est la parade la plus utilisée au Kendo, parce qu'elle est naturelle. C'est aussi, hélas, la moins bonne, puisqu'elle bloque l'arme adverse, et avec un shinai il est bien difficile de ne pas parer avec le "tranchant" ! Si le kaeshi ne fait que stopper l'attaque adverse, et qu'il est immédiatement enchaîné avec une attaque, cela peut être élégant, surtout s'il y a une certaine volonté de chasser en poussant, plutôt que par claquage, la lame adverse sur le côté. Kaeshi doit absolument être pratiqué de "fort" sur "fort", c'est à dire sur le tiers de la lame près de la poignée, voire carrément sur la tsuba, entre les mains ! (mais cela porte un nom spécial (tsurubarai?)). Souvent, ces règles ne sont pas respectées (le Kendo se "sportisant" avec le temps, on se soucie de moins en moins de la faute que représente une parade avec le tranchant, puisqu'on s'éloigne de plus en plus du combat au katana). Les kaeshi deviennent ainsi de simples blocages shinai contre shinai, au milieu des lames, donnant parfois dans le n'importe quoi caractérisé (combat Hollywoodien façon Star Wars)...
Un katana est une arme extrêmement tranchante, son fil est très étroit (angle de 10° environ), et très dur. Par conséquent une parade tranchant contre tranchant peut créer une profonde entaille dans l'acier, détériorant ainsi les deux armes de manière irrémédiable.
Par conséquent, ma philosophie sera toujours d'éviter kaeshi sauf si c'est pour éviter un Ippon: c'est le seul cas qui justifie d'abimer sa précieuse lame. A présent, je conçois que dans une pratique sportive d'escrime au baton de bambou, ces considérations, n'entrant pas dans les règles, peuvent être ignorées en compétition.

MAKI OTOSHI: Maki otoshi, c'est enrouler (maki) son sabre autour du sabre adverse avant de le frapper pour le faire "tomber", c'est à dire le chasser vers le bas. C'est une parade souvent utilisée en reculant: L'adversaire attaque Men avec un mauvais Kime, ou alors attaque Kote. On fait un petit pas en arrière juste pour laisser passer la pointe de son arme devant soi. Prestement, on fait passer son shinai au dessus du sien et on frappe vers le bas d'un coup sec et violent (c'est un battement vers le bas). Si la tenue du sabre adverse est correcte (et pas tenu avec une grande force), il va aller renifler le sol. C'est le moment d'attaquer Kote, ou Men ! Il est à noter que c'est une parade faite avec le tranchant du sabre en général. Certes, on peut raffiner en le couchant sur le côté pendant qu'on l'enroule, mais ça ne vient pas de façon évidente avec un shinai. Cependant, contrairement à Kaeshi, on frappe le dos du sabre adverse, qui, sur un katana, est bien plus "mou" que le tranchant: on risque donc bien moins d'en émousser la lame !
=> Pour réussir un bon maki otoshi, il faut viser entre les deux mains, et frapper de la pointe de son shinai le gros du shinai adverse, juste devant la garde: c'est la technique qui donne le plus de force à la déviation.

SURIAGE: Suriage est une parade extrêmement élégante, apparentée au froissement de l'escrime médiévale européenne. Délicate, elle est cependant très puissante et peut même désarmer un adversaire ! Elle consiste a dévier la lame du sabre adverse en "léchant" toute sa longueur avec la pointe de son shinai. C'est une parade dynamique qui amène naturellement en position d'attaque. Toute victime d'un suriage doit absolument reculer le plus vite possible !
Techniquement, quand l'adversaire a armé et que son sabre s'apprête à descendre vers votre Men ou votre Kote, placez la pointe de votre shinai sur la lame du sien, juste au dessus de la garde, et, en faisant un petit pas en arrière, armez un Men avec votre bras gauche, tandis que votre bras droit fait un demi-cercle vers le haut, et vers la gauche (si vous alliez vous prendre Men) ou la droite (si vous alliez vous prendre Kote). Plus vous allez chercher la lame adverse à sa base, et mieux ça marche.
Par votre geste, le sabre adverse dévie sur un côté, vous ouvrant ainsi un magnifique chemin droit vers son Men, qu'un pas en avant vous offre sur un plateau, puisque si vous avez bien fait Suriage, vous avez déjà armé ! Personnellement j'adore cette parade, qui a tous les avantages:
- Elle n'est ni brutale ni "hollywoodienne".
- C'est une parade flanc de lame contre flanc de lame, donc aucun risque d'abimer votre katana virtuel, symbolisé par le shinai.
- Elle est dans le plus pur esprit du Kendo, "l'offensive dans la défensive, et la défensive dans l'offensive".
J'espère, avec la pratique, réussir à bien maîtriser cette parade magnifique.

NB: certaines parades sont plutôt ce qu'on appelle en escrime médiévale des "attaque au fer", comme harai, c'est à dire des techniques offensives. D'autres sont plus des techniques de contre-attaque, comme suriage. Cependant, cette classification n'est pas absolue. Plus on les maîtrise, plus on peut les utiliser, toutes, en attaque et en contre-attaque.

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Commentaires
M
Merci pour ce blog vraiment enrichissant. Cela me paraît fort intéressant. bonne continuation.
A
Je ne suis pas vraiment d'accord sur cette histoire de parades.<br /> La description des technique est bonne mais peut on parler de parade pour un harai ?<br /> En kendo on parle de Oji waza pour les techniques qui s'effectuent sur l'attaque de l'autre, ce sont les kaeshi, nuki et suriage.<br /> Le harai est plutôt dans les shikake waza, c'est à dire les techniques où l'on prend l'initiative. J'y mettrais aussi le maki otoshi.<br /> <br /> Et dans ces oji et skikake waza il y en a plus que 4 :)
A
aya, tu écris comme un porc dyslexique et tu oses faire des remarques sur quelques fautes ?<br /> Sinon, excellent article.
A
merci pour ces nombreux conseils!!!!! je pense qu il faut quand même s exercer avant ed maitriser tout ca comme i lse doit, même si certaines choses sont rentrées en applications tres tot, (ou alors c est juste que j ai vraiment eu un tres tres excellent sensei!!!!) par contre voir quand même les fautes d orthographes dans l article!!! ca le fait pas! en attente de nouveaux conseils methodologiques! j ai adoré cet article, qui est accessible a pas mal de monde, et realiste... enfin pour moi en tout cas.
Shugyo
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