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Shugyo
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24 novembre 2008

Le Kendo et les filles

Je ressors du forum de la fédé de Kendo, et j'ai lu un sujet polémique où ça taille pas mal: les filles et le Kendo.

Déjà, pourquoi est-ce que dès qu'on balance un sujet homme/femme quelque part, c'est carnage ? Partout où je suis passé, en live ou en mail, ces sujets "chauds bouillants" suscitent passions et emportements. Pas étonnant que l'indigne presse de genre, sous culture affligeante de notre société, ait un lectorat aussi puissant...

Personnellement, ce que j'en sais, c'est ce que j'ai pu lire de Simone de Beauvoir (Le Deuxième sexe, LE bouquin à lire pour tout homme qui ose se dire qu'il faut peut-être pas non un 8e Dan de philosophie pour espérer comprendre un peu plus de la moitié de l'humanité).
Pour faire très court:
- Lisez le bouquin, si vous êtes un homme intéressé par le challenge: c'est très bien écrit, clair, beaucoup plus que pas mal de bouquins d'autres philosophes.
- Ca n'est pas le brulôt "féministe anti-homme" qu'on veut bien décrire. L'auteur est d'une intelligence rare, lui prêter des propos bas digne de tabloïds malsains et bas du front est une insulte à toute la philosophie française.
- Si vous êtes une fille et que vous croyez savoir ce qu'est la pensée féministe initiale... Assurez-vous d'avoir lu ce chef d'oeuvre, et je vous promet des surprises multiples et variées.

Notre amie Castor, comme l'appelait Sartre (par rapport à Beauvoir, Beaver, castor, comme quoi même un grand philosophe peut aimer les jeux de mots débiles ^^), détaille d'abord ce qu'est la condition de la femme et de l'homme au regard de la nature, puis de la société historique, et, le plus intéressant, elle explique "ce que sont les femmes pour les femmes".

Attention SCOOP: pour elle, certes la nature prive les femmes de certaines libertés "biologiques", puisque le corps de la femme est prévu non pour vivre seulement, comme celui des hommes, mais aussi pour engendrer. Certes, la société patriarcale a longtemps considéré la femme comme un ventre à bébé, une esclave de son mari, mais cela change, et a encore évolué depuis son époque.
Mais ce qu'elle dit, visionnaire, c'est surtout que ce qui retient les femmes (et à laissé la place de number 1 dans la société aux hommes), c'est d'abord, et avant tout, la manière dont les femmes considèrent les femmes: ce qu'elles doivent être, à quoi elles doivent ressembler, les critères qui font une "vraie" femme comme j'ai pu le lire.

Exemple de très bas niveau: si on suit la mode, les top models, etc. on en déduit que les hommes aiment les grandes maigrichonnes. Je ne connais pas UN SEUL mec avec qui j'ai évoqué le sujet qui ne m'ait dit, après réflexion, que le fantasme "mannequin" était un truc de fille, et que si une fille veut savoir ce qu'aiment les hommes, ça n'est pas vraiment dans le mannequinnat qu'il faut chercher... (bon c'est pas vraiment recommandable non plus, mais c'est une analyse au ras du gazon et uniquement sur le thème du physique).

Alors bon, mon opinion, qui n'engage que moi, c'est que le Kendo et les filles, c'est d'abord et avant tout "les filles et l'éducation qu'on (les autres filles, mères, copines, etc.) leur donnent".

Parce que si on reste au niveau physique, le mythe de la faible femme, c'est du flan, du moins en terme de Kendo. Faut-il être une brute pour faire du Kendo ? Certainement pas. Il faut être souple, rapide, endurant, agile... Des qualités que ne procurent pas la masse musculaire supplémentaire des hommes, qui, au contraire, consomme plus d'oxygène et nuit à l'endurance. Je serais tenté de dire qu'une fille, pour peu qu'elle ait un physique assez sportif, a un avantage dans ces domaines sur un homme, et est donc davantage "faite" pour le Kendo, discipline plus subtile que bourrine.

La douleur, ensuite, se faire taper... Les hommes sont plus douillets que les femmes, c'est bien connu. (Tout homme marié ou en couple qui ne s'est jamais fait traiter de chochotte par sa douce moitiée après s'être coupé le bout du soigt sur une enveloppe est prié de se signaler ^^). Les femmes sont plus endurantes à la douleur que les hommes. Dans les fonctions vitales primaires, c'est la femme qui hérite de la plus douloureuse: l'accouchement. Son corps et sa résitance sont donc prévus pour ça.

Après, l'odeur des armures, la volonté d'aller au devant de quelqu'un et de "prendre des coups", etc.
Plus garçon que fille ? Je ne pense pas. Du moins pas au niveau des prédispositions naturelles. Dans la nature, les animaux se battent pour vivre, mâles ou femelles. Pour défendre leur vie, leur progéniture, leur dîner, toute créature sauvage doit avoir l'aptitude nécessaire à se battre pour survivre. Et il n'y a pas d'exception. Si les femelles se faisaient toujours tuer sans avoir pu opposer une résistance quelconque, il n'y aurait plus de vie animale sur terre.

Ce qui ramène au problème d'éducation, de l'acquis. Ce qui différencie les femmes des hommes (et qui a rapport au combat) est social, éducationnel.
Il y a ce qu'on apprend à supporter, et il y a ce qu'on n'apprend pas à supporter, quelque soit son sexe.
La prédisposition ? Quand un garçon se prend une baffe d'un camarade de classe et qu'il chougne, tout le monde le traite de chochotte. Un parent tiendra à ce que son fils ne soit pas la lopette de service et se fasse respecter par ses copains, tout en n'étant pas l'initiateur des bagarres, puisqu'il doit apprendre la tempérance, la tolérance, et à régler ses problèmes si possible sans violence inutile.
Il est élevé dans l'optique d'assumer, de supporter, de s'affirmer. On lui demandera des résultats, une manière d'y parvenir, et on ne lui laissera pas beaucoup de marge d'erreur ni de droit à se plaindre. Les enfants mâles surprotégés par leurs parents souffrent bien plus à l'école que les autres, pour cette même raison.
Pour les filles, par atavisme, si on leur demande plus de choses à faire à la maison, par exemple, bien souvent, on leur passera plus de caprices. On (la société, les parents, les camarades, etc.) leur passera de chougner pour un rien et on (les garçons, les parents) se battra presque pour être celui qui les protégera du danger...
Je caricature, bien sûr, mais c'est l'héritage culturel qu'on nous a donné.
Les filles qui ont été élevées hors de ce cadre n'ont aucun problème pour faire du Kendo. Ma femme en est un bon exemple: élevée dans la responsabilité, sans "protection pour fille", il lui a simplement fallu transposer un peu pour se faire à l'idée de donner et recevoir des coups de shinai. Aujourd'hui, c'est une combattante qui n'a rien à prouver à personne, et qui se bat comme un lion face aux garçons et aux filles.
Ce changement d'éducation amènera aussi un changement "d'archétype de fille", qui conduira peut-être davantage les demoiselles vers la porte d'entrée principale du Kendo: j'ai nommé Geek-land ! ^^ (Désolé de briser un tabou, mais dans mon dojo, la plupart des kenchis sont des geeks, ou d'anciens geeks, et les filles sont des geekettes aussi ! ^^)
Nous vivons dans un monde mixte, où les femmes veulent, à raison comme de droit, participer à hauteur de leur représentation numérique. Peut-être, dans ce cas, faut-il abandonner les archétypes de "princesse potiche" dans leur éducation, et dans leurs futurs rapports sociaux, pour qu'elles y parviennent? Peut-être aussi est-il temps qu'elles cessent de se considérer comme "filles" avec tout ce que ça comporte, parce qu'on les a "entraînées" à faire de la sorte...
Quand ceci sera fait, quand le courage sera au menu de toute éducation, pour tout enfant, je présume que les dojos de sabre seront paritaires.
Comme disait si bien Simone de Beauvoir, "On ne naît pas femme, on le devient". En dérivant sur le cas particulier du Kendo, je dirais (et c'est aussi valable pour pas mal de garçons) "On ne naît pas avec un nez sensible et une hypersensibilité psychologique empêchant de supporter Men ou Kote, on nous apprend la faiblesse de ne pas endurer, en nous surprotégeant).
Bon, après, y'a des sadiques dans certains dojos, et y'a des partisans du "Kendo militaire du bon vieux temps". Qui veulent faire leur petits malins et font "comme au Japon", en "défonçant" les "faibles" pour les dégoûter et faire en sorte qu'ils ne reviennent pas. Ces gens n'ont rien compris au Kendo, mais il faut bien faire avec. Comme toute population, celle des dojos contient son lot de "gens ayant besoin de combler à grands coups de shinai la petitesse de leur personnalité ou de compenser la misère de leur propre existence en faisant souffrir autrui". On peut espérer qu'ils comprennent un jour, qu'ils changent au contact d'autres, ou simplement se dire que la volonté, et l'endurance psychologique, sont aussi des choses que le Kendo permet d'améliorer. Le meilleur "contre" qu'on puisse infliger à ces gens-là, c'est de persister, de se moquer de leurs traitements, de leur montrer que brutalité et "esprit de guerrier" ne vont pas toujours de pair. Ca vous apprendra toujours quelque chose, et de toute manière ils se lasseront si vous n'affichez aucun égard ou aucune peur pour eux: voire ils vous respecteront et se mettront à faire du "bon kendo" avec vous.
Pour ma part, je fais "mon Kendo", sans me soucier de qui est en face, à une exception: certaines personnes (souvent des filles ou des jeunes) ont des Men à cerclage blanc (pour enfants), qui sont adaptés à la force de frappe d'un enfant. J'allège donc mes Men, afin de ne pas leur faire mal (du moins j'essaye, c'est pas toujours évident). De toute manière, plus on progresse en Kendo, moins on frappe fort... pour frapper plus vite !
Je vois ça à mon shinai: l'an passé, sans armure, j'ai démoli un shinai et abimé un autre. Depuis que je me bat contre des adversaires protégés et de meilleur niveau, mon shinai ne s'effiloche même plus ! J'ai passé ma période "gourdin", et suis entré dans celle du sabre. C'est le cas pour la plupart des autres deuxième années. Les bourrins sont partis, les autres se sont assagis. Les expérimentés frappent parfois sèchement, et avec beaucoup de vitesse, mais pas lourdement: ça choque, mais ça ne fait pas vraiment mal.
La seule chose qui peut, peut-être, être améliorée pour faciliter la venue des filles au Kendo, est qui est du domaine du Kendo, c'est l'entraînement de première année. Peut-être les maîtres devraient-ils insister (encore plus qu'ils ne le font déjà ?) sur la futilité d'une frappe "forte", de stigmatiser et moquer (encore plus ? ^^) l'attitude "bûcheron" de certains débutants...

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Commentaires
C
je rencontre des soucis pour lire les images... En tout cas, je vais revenir vous rendre visite très prochainement. Bonne journée
Shugyo
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