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12 septembre 2009

11/09/2009, Mylène

11/09/2009

21h00, Stade de France.

Un moment que j'attendais depuis un trimestre au moins. Mylène Farmer est apparue, après une intro très réussie, comme à son habitude, pour nous faire vivre un grand moment de musique, de chanson, de danse, de plaisir, d'émotion, d'Art en somme.

Notre Lady Libertine à nous fête ses 48 ans cette année, et, si son visage laisse transparaître cette maturité, ça n'est que pour ajouter à son charme naturel. Pour le reste, ni la voix, ni la grâce, ni la silhouette n'a vraiment changée. Mylène l'Eternelle nous a fait vibrer de toutes les manières musicales de son répertoire, alternant chansons de son dernier album et ses plus grands succès, que la foule s'est époumonée à répéter. Je suis moi même passé à côté d'une belle extinction de voix: passer en voix de fausset pour monter dans les aigus avec elle, j'ai appris à le faire avec les années, mais ça fait toujours aussi mal au bout d'un moment !

Je me suis toujours interrogé sur l'origine de ce talent extraordinaire qui est le sien, de pouvoir, dans ses chansons, sa présence, son rôle scénique, être tour à tour tous les aspects les plus divers de la Féminité. Le travail et le courage, l'intelligence, bien sûr, mais quand on est dans ce concert, on ne peut pas se dire que ça n'est que du marketing affûté. D'autres ne sont que ça, et ils ne durent pas si longtemps, et au moindre revers les tireurs de ficelles que sont leurs "mécènes" les abandonnent, et on les enterre à jamais dans la fosse commune des artistes oubliés. Ceux qui accèdent à l'Eternité sont bien peu nombreux. Et Mylène en fait partie. Dans le stade, tous les âges, toutes les origines sociales, hommes et femmes, garçons et filles, sont pris au coeur et aux tripes par la magie aussi enchanteresse que parfois inquiétante de la diabolique petite rousse, aussi à l'aise en robe blanche de sainte femme qu'en provoquant costume rouge de succube bonne pour le bûcher.

Tour à tour catin provocante et diabolique, joliment légère et adorable, grave et triste, romantique et mélancolique, tour à tour mystique à la frontière de la religion et blasphématrice, elle est toutes les femmes de la Nonne à la Putain en passant par la grande dame, et c'est la seule des artistes que je connaisse à être capable de cet incroyable et permanent tour de force. Tour de force de justesse, principalement. Finesse, équilibre, sensibilité, elle est toujours à la limite, n'en fait jamais trop. Sulfureuse mais pas vulgaire, sensible mais jamais gnangnan, costumée mais pas déguisée, dynamique mais pas hystérique, elle est l'harmonie féminine incarnée, et elle fait honneur à la réputation de bon goût de la culture de notre pays, aussi loin des grosses caisses à l'américaine ou des platitudes des nouvelles stars pré formatées dont on nous accable le plus souvent. Mylène danse sur le fil de l'épée sans jamais s'y blesser.

Il en faut pour tous les goûts, et je trouve idiot de critiquer l'étendue du répertoire d'une chanteuse populaire. Pour faire carrière, il faut plaire à beaucoup, et longtemps, donc se renouveler, essayer tel et tel style, et garder ce qui plaît. Être professionnel ne renvoie pas qu'à l'argent que l'on gagne, et comme le disait le regretté Daniel Balavoine, il ne suffit pas d'être pauvre pour être honnête... Ou juste.

Si le début et la fin de son dernier show "Point de sutures" est digne des plus grands artistes de scènes, qui enchaînent effets visuels, écrans multiples, décors et lasers, ce "grand show à l'américaine", aussi réussi soit-il, n'accède pas à la grandeur que l'artiste est capable de déployer dans un contexte plus intimiste. Sans mauvais jeu de mot, c'est "nue" que Mylène est la meilleure.

Au milieu de la Fosse, sur une estrade en forme d'étoile, avec un micro, et un pianiste. La main appuyée nonchalamment sur le piano comme une grande chanteuse des années 30, dans sa robe blanche immense armée d'une grande croix noire qui la parcoure du cou aux pieds et d'une épaule à l'autre, elle chante ses plus grands titres romantiques, "Nous souviendrons-nous", "Regrets", "Laisse le vent emporter tout", "Ainsi soit-je". Un piano, un micro, pas d'effets spéciaux ni lumineux, pas de playback, pas de chorégraphie complexe. Et pourtant, les fans enragés qui ont choisi la Fosse, et qui sont près d'elle à la toucher, sont scotchés, ne s'agitent pas, ne hurlent pas: Tout le monde est silencieux ou chante doucement avec elle ces mots envoûtants. Tout le monde est transporté, beaucoup pleurent du torrent d'émotions fortes qui remue tout leur être. Magie totale, moments uniques, le petit bout de femme chante simplement, de sa voix fluette si particulière, des mots qui parlent à l'âme de tous.De ses chansons elle capte toute l'attention et toute la sensibilité de plus de 75000 personnes au milieu de la nuit parisienne. C'est beau. C'est grand. C'est inoubliable. Iconoclaste, provocante, et pourtant tellement divine! Tenir autant de gens par le simple pouvoir de son charisme et des émotions de la voix, relève pour moi d'un don du Ciel. Loin de tout credo, de tout dogme, de tout sentier battu, Mylène, à travers ses chansons, nous parle tout simplement du Ciel et de la Terre.

C'est ainsi, dans la grande simplicité de ce registre si particulier, que Mylène se transcende, et me transporte comme aucun autre chanteur n'a su le faire. C'est comme ça, ma très chère Mylène, que je t'aime.

mylene_farmer_bercy

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