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Shugyo
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28 juin 2010

26/06/2010, tests de coupe chez un ami.

26.06.2010

Ce merveilleux samedi a été pour moi l'occasion de valider pas mal de théories personnelles sur la coupe (à l'épée longue), et également d'apprendre, en compagnie de gens plus expérimentés que moi dans cet art, le tout dans un cadre qui, en plus d'être agréable, permet de vraiment travailler: Dehors, à l'ombre, sur la pelouse. ^^

Tout d'abord, j'ai été introduit à une nouvelle cible de coupe qui m'a emballé: une matière pourtant toute simple, qui possède les qualités de la mousse haute densité que j'utilise habituellement (frites de piscine), à savoir:

- être raisonnablement facile et raisonnablement difficile à couper

- une densité très proche de la chair

- une très bonne lisibilité de la coupe effectuée

et qui possède en plus:

- le poids qui imite l'inertie d'un corps

- la rigidité d'ensemble qui évite les fausses interprétations de coupe: en haut d'une frite, une coupe horizontale à presque 0% de chances de couper, encore moins couper droit: la cible plie trop facilement

- enfin, last but not least, le faible coût due à la réusabilité presque infinie...

J'ai nommé: l'argile (ou la glaise) de potier ! Il suffit de la laisser bien humide dans un sac bien fermé et elle conserve à perpet' ou presque, coûte moins d'un euro le kilo (la cible doit faire à peu près dix kilos). Sur une coupe la finesse du grain de l'argile permet de lire la coupe: lisse comme si c'était passé à la main humide: très bonne coupe, fragmenté de fins liserais, voire avec de petites aspérités dues à un arrachage microscopique: moins bonne coupe. Bien entendu, les plus gros défauts se voient si la coupe n'est pas droite, ou... si on emmène le bloc d'argile avec soi !

Quelques inconvénients:

- l'argile est gorgée d'eau, l'ennemie jurée de nos jolies lames en acier totalement oxydable: il faut périodiquement enlever le surplus d'argile des lames, et les nettoyer soigneusement à l'huile d'arme / de clous de girofle / au WD 45, et à l'abrasif léger en fin de session pour enlever les "tâches" sur lesquelles pourraient se mettre de la rouille.

- c'est crado ! A faire absolument dehors, se munir de gros gants de jardinage en caoutchouc pour remodeler le bloc tailladé en tous sens.

- au bout de deux heures il faut repétrir l'argile en mouillant bien afin qu'il garde sa souplesse.

- Dix kilos d'argile ça fait le volume d'une grosse tête. Vu la nature pâteuse de la matière, on ne peut pas, comme avec une rabane mouillée par exemple, enchaîner des coupes du haut vers le bas pour simuler des attaques à la tête, au cou, au torse et à l'abdomen.

Solution: utiliser un support multi-pièces afin de gérer différentes hauteurs. Le but n'est pas de faire des multi-coupes ultra-impressionantes comme en tameshigiri, mais de tester avec des moyens simples et limités une, voire deux coupes, en fonction des techniques étudiées. En escrime médiévale de tradition lichtenauerienne, la cible est très souvent la tête, le cou, ou les épaules, plus rarement les mains ou les parties basses. Il n'est donc pas gênant de s'entraîner sur une cible "localisée", par exemple le haut d'un buste + la tête. Pour cela, il suffit de poser sa boule d'argile sur un support permettant de placer celle-ci "à hauteur de cou" (à peu près, de toute façon, la hauteur du cou dépend de la taille de l'adversaire, il faut savoir s'adapter !).

Une fois bien décrite la cible, parlons un peu des outils. Deux armes ont été utilisée pour les tests:

1) La Fiore, d'Albion, une épée longue classifiée XVa dans la classification Oakeshott, rude, robuste, rigide, et plutôt destinée à l'usage intensif sur champ de bataille, et à l'estoc sur ennemi armuré, qu'à la coupe. La lame est de section "diamant" (en losange aplati, donc) et le profil est un triangle isocèle parfait.

2) La Brescia Spadona, toujours d'Albion, une épée longue classifiée XVIa, plus légère, plus souple, destinée au monde civil, au duel judiciaire. Une arme de "robe" bien qu'elle soit une épée longue en tous points de vue, à une époque où la rapière n'existe pas encore. Moins rigide, elle est moins dévolue à l'estoc (bien que la pointe soit renforcée sur l'épée), possède une lame plus large mais moins épaisse, de section diamant sur le faible et le milieu, de section hexagonale sur le fort, avec une gouttière pour alléger et rigidifier cette partie.

On peut dire de la type XVIa qu'elle est l'utime évolution de l'épée longue "de taille", tandis que la type XVa est d'un type radical dédié à l'estoc. Les deux types seront en quelque sorte unifiés par le type XVIIIb, de superbes lames aussi efficaces en taille et en estoc.

La Fiore met plus en confiance que la Brescia, on la sent solide en main, indestructible, assez "autoritaire", plus lourde que l'autre... et pourtant, le point d'équilibre statique est juste un cm plus avant sur la Fiore, et elle ne pèse que trente grammes de plus ! Magie des propriétés d'équilibre de ces armes subtiles. Si si, subtiles, je persiste et je signe !

La Brescia, par contre, est toute de légèreté et de maniabilité, elle obéit au doigt et à l'oeil et fatigue bien moins que l'autre. Mais sa souplesse ne lui donne pas un caractère aussi "à toute épreuve" que la Fiore, bien qu'au cours des divers tests que j'ai pu lui faire subir jamais sa résistance ne fut mise en doute.

Suite à trois heures de coupe, avec trois participants, nous avons pu tirer quelques conclusions:

- La coupe à l'épée longue, c'est facile. Si si... Bien sûr, un coupeur expérimenté coupe mieux qu'un débutant, mais ce qui est sûr, c'est que tout le monde coupe. Les axes d'attaque très naturels de l'escrime que nous étudions y est pour beaucoup. Mais pas seulement. La position des mains aussi influe beaucoup: une fois les préceptes des maîtres nous ayant laissé leurs "fechtbuch" appliquées, la coupe est presque automatique pour peu qu'on ne rate pas la cible (et oui, ça arrive !). C'est particulièrement le cas des coupes horizontales, avec le pouce sur la garde, au milieu de la base de la lame, entre les quillons. Poser le pouce à cet endroit c'est diriger son épée pour avoir un bon angle de coupe.

Mais la lame y est aussi pour quelque chose. Comme discuté dans un précédent article, plus une lame est épaisse, moins l'angle entre deux plats de lame d'un même côté est aigu, et plus la lame est "tolérante" aux erreurs d'axe de coupe. Si la Fiore coupait de manière régulière pour tous, la Brescia s'est montrée plus élitiste: un angle d'attaque de coupe grossièrement foireux donne une entaille profonde mais pas une vraie coupe. Par contre, si la coupe est bonne, les résultats sur la cible sont proprement (ou salement, au choix ^^) monstrueux. Le bloc d'argile peut être coupé en deux de manière nette avec un grain de coupe très fin, sans effort ou presque, avec une attaque minimaliste comme celle que tout escrimeur essaiera de produire, afin de ne pas "s'ouvrir en grand" après une frappe.

- Les "épées longues d'estoc"... ça coupe ! Si si... La fameuse XVa connue pour ses talents à l'estoc contre la maille et même la plate en demi-épée, s'en sort très honorablement. Moins coupante que la Brescia, bien moins bonne en entaille, elle est tout de même capable de couper le bloc qui lui est offert avec juste un peu plus d'engagement qu'avec la Brescia, qui, bien maniée, semble être capable de couper tout et n'importe quoi, pour peu que la résistance du matériau soit comparable à celle des msucles, des os, de la peau, du cuir fin, etc. L'épée semble aussi être capable de couper en entaille très profonde (un peu comme un sabre japonais) avec une efficacité redoutable: à 15 cm de pénétration de la glaise, on appelle plus vraiment ça une entaille...

- Le medium de coupe, par contre, est trop fragile en estoc, et nous n'avons pu apprécier de différence notoire entre les deux armes: une couche de cuir ou de multiples couches de tissu par dessus la glaise auraient très certainement mis en lumière les meilleures performances de la Fiore dans ce domaine.

En conclusion de cet article, je vous propose enfin quelques photos de moi en pleine action de défonçage de pavé de glaise. Toutes représentent la Fiore. Pour tout avouer, la Brescia m'appartenant, j'étais trop stressé durant les coupes où elle servait pour avoir l'idée de prendre des photos. ^^

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Commentaires
P
@mutuelle obligat, arrête de faire de la lèche pour faire de la pub, connard!<br /> <br /> <br /> <br /> è_é
M
Super, bonne article, j'ai appris quelque chose. Vous avez une très belle plume, bravo ! A bientôt.
Shugyo
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