Résumé de l'histoire (spoile les premiers épisodes):

Un Moyen-Age qui oscille entre l'historique et le médiéval fantastique sauce démons et ténèbres (et pas elfes, nains, etc.)

Un monde apocalyptique qui tombe en ruines, et où les puissances cherchent à cacher à la populace que les rênes du pouvoir sont entre les mains de démons se livrant à une destruction lente, sanglante et méthodique de l'humanité.

Un homme, qui cherche une de ses connaissances, avec la ferme intention de la tailler en pièces...

Bienvenu dans l'enfer de Berserk!

Le premier épisode se situe chronologiquement à la fin de la série, et il est inutile de traîner dessus: il est incompréhensible sans le reste de l'histoire, mais il a le mérite de présenter l'univers de la série: sombre, sombre, sombre. Le monde de Berserk, c'est l'Enfer, avec un grand E, un monde rouge et noir, de sang et de nuit.

Vous voilà prévenu, si les histoires chelou dans des univers monstrueux vont donnent des maux d'estomac, passez votre chemin, même si l'ensemble de la série est beaucoup, beaucoup moins dark que le premier épisode.

Le véritable début est au 2e épisode. Un jeune homme, qui a été élevé par des mercenaires et ne connaît que les champs de bataille, croise la route lors du siège d'un chateau d'une bande de mercenaires atypiques: ici le lien qui les unit n'est pas seulement l'argent, ils sont comme une bande de copains, l'ambiance est bonne et le moral haut.

Après une échauffourée, le héros, Guts, rencontre les deux autres personnages principaux, ceux qui vont à jamais changer le cours de son destin: le capitaine de la Troupe du Faucon, Griffith, et sa seconde, Caska.

L'anime raconte comment d'un monde normal mais livré à la guerre permanente on est passé au monde démoniaque et apocalyptique du premier épisode. Mais c'est surtout une histoire d'amitié/amour qui se tisse entre les trois personnages principaux.

Première impression:

A l'instar de Gungrave, le premier épisode donne dans le "mystérieux et bourrin". Ne sachant donc pas ce qui m'attendais, je pensais que j'allais avoir à faire à un hard shonen de plus, cette fois-ci avec une connotation "adulte" du à l'hémoglobine jaillissante omniprésente.

Au deuxième... L'impression se confirme (!!!) si ce n'est qu'en fait... tout à changé. On se retrouve dans un monde certes dur, sombre et sanglant, mais c'est celui, bien connu, des guerres du Moyen-Âge, des troupes de routiers (mercenaires itinérants se louant en troupes et non à l'unité). Moins désorienté, donc, et moins, beaucoup moins space.

Berserk, avant d'être une série d'atmosphère, avant d'avoir un scénario, qui n'est pas tordu et pas dur à suivre, donc pas phénoménal, avant tout, est d'abord une série de personnalités, avec trois personnages principaux très charismatiques, très différents, et fascinants... dangereusement fascinants (:-)).

Niveau impression pure, on se retrouve dans un cas de figure à la Noir: pas de baffe dans les premiers épisodes (sauf pour les gens qui apprécient les bastons giclantes et fracassantes), mais un intérêt qui croît, qui croît... tant que dure la série. Là encore le scénario a au moins le mérite de ne pas offrir de temps morts et ennuyeux. Pas de "blancs" dans ce monde noir et rouge.

Critique Technique:

Graphisme:

Il faut aimer, ça n'est ni classique ni canonique, façon Noir, Cowboy Bebop, etc. Le dessin est nettement plus "crayon", plus brouillon, mais ça donne une originalité à la série qui en fait plus une oeuvre singulière qu'une bonne exécution d'un standard moderne.

Animation:

Assez critiquée sur plusieurs forums, mais, personnellement, je ne vais pas cracher dans la soupe. Comme les graphismes, ça n'est pas standard, pas aussi fluide et dynamique que pour d'autres, mais, contrairement à ce que j'ai pu lire, ça n'est pas Saint Seiya (la première saison!) ou Lodoss! En même temps j'aime bien le cachet de cette animation, mais contrairement à d'autres animes où je suis catégorique, là, c'est vraiment au goût de chacun.

Musique:

Assez déroutant au début, les thèmes musicaux, surtout celui du début, fait plus penser à la guerre du Vietnam qu'au Moyen-Age. Mais globalement c'est une BO à part, comme les graphismes, les animations, comme l'anime tout entier en fait. Niveau BO, là encore, Berserk ne ressemble à aucun autre. Et là encore: regardez, écoutez, faites vous votre avis. Je pense quant à moi que cette BO est suffisamment bonne pour être écoutée en guise de musique, seule sans l'anime.

Voix VO:

Des voix dures et tranchantes, comme l'histoire et le contexte. Parfaitement en accord. La voix de Griffith peut sembler un peu fluette, mais après tout c'est un jeune homme, et le point de comparaison est celle de Guts, qui est quand même LE bourrin de service...

Critique Scénaristique :

Le scénario en lui même et classique, sans vices et sans détours. Il raconte la naissance d'une amitié assez unique en son genre, en parallèle avec l'ascension vers la gloire et l'annoblissement d'une bande de paysans sans titres, sans terre et sans gloire, à la force de l'épée et du sens tactique. Si Guts est le héraut de cette histoire, c'est à dire celui par lequel les faits sont vus et relatés, on serait tenté de dire que, contrairement à l'oeuvre papier totale (et beaucoup plus vaste), le héros de la série est presque davantage Griffith.

Un mot sur cette différence manga/anime: à une virgule près, l'anime reprend excatement le scénario du manga, si ce n'est qu'il se focalise sur une période de la vie de Guts, c'est à dire de son entrée dans la troupe du Faucon à l'élément fondateur de l'Apocalypse, "l'Eclipse". Je ne vous en dit pas plus, sinon je spoilerais beaucoup, mais alors vraiment beaucoup trop.

Le scénario de l'anime souffre donc d'avoir une fin, non pas débile et incompréhensible, mais incomplète. Si on peut croire l'histoire terminée au tombé de rideau de l'épisode 25, on peut aussi bien croire qu'on assiste au réel début de l'histoire... ce qui est le cas dans le manga!

En dehors de cela, le scénario est de la qualité de celui du manga, donc très soigné: à quelques détails près à la fin, les plans de l'anime correspondent aux planches du manga.

Mis à part la fin, qui explique l'épisode 1 et se profile dans l'histoire du manga, et peut donc paraître étrange, le reste est plutôt bien cousu et satisfera les exigences des amateurs aussi bien que les attentes plus classiques du grand public.

Présentation et critique des personnages:

Guts:

Le héros en titre. C'est une montagne de muscles, peu subtile, qui se reconnaît elle-même pas très intelligente et désireuse de rester hors des affaires politiques qui président la guerre. C'est un guerrier satisfait de son état. Cependant on devine derrière cette image de grand bonhomme d'1 m 90 maniant une "épée" plus grande que lui une âme plus tourmentée et plus réfléchie que d'apparence: souvent solitaire, difficile à aborder, il n'hésite pas à déclarer qu'il aime son épée, car, je cite, lorsqu'il la manie, il ne pense plus à rien d'autre.

Il faut dire qu'il est peut-être souhaitable qu'il en soit ainsi: né d'une femme morte pendue, recueilli par un mercenaire soudard qui sera autant son père que son bourreau, Guts ne peut entretenir de pensées positives vis à vis du monde qui l'entoure...

Griffith:

Chef de la troupe du Faucon, groupe de mercenaire que va intégrer Guts.

Excellent chef, humain avec ses hommes, possédant énormément de charisme et doué d'un sens tactique très fin comparé à ses paires, c'est un jeune homme qui, bien que de basse extraction, paraît aussi noble que les véritables chevaliers, et même souvent plus, aussi bien sur les champs de bataille que dans la bonne société de son époque. C'est un excellent guerrier, meilleur même que Guts, doublé d'un homme d'esprit hors d'atteinte de tous ses proches.

Mais sous ses dehors de parfait chevalier blanc se cache un esprit entièrement rationnel, dénué d'affect, intelligent, brillant, mais manipulateur, utilitariste et servant un rêve, une ambition extrême: Griffith veut se forger un royaume, quelqu'en soit le prix. Pour cela il est prêt à payer très cher de sa personne... mais aussi de celle des autres, de tous les autres. Afin de s'assurer leur total dévouement, il les "recrute" sur le rêve et non sur l'argent. Ainsi leur motivation est toujours optimale. C'est pourquoi la troupe du Faucon est la meilleure sur les champs de bataille: tactique, moral, individualité fortes, bonne cohésion.

Sa relation avec Guts est ambigue. Griffith traite en effet tout le monde comme de "bons subalternes", mis à part Guts qui l'impressionne par sa force, son courage et sa valeur. Mais il ne parvient pas à le considérer comme un égal, un ami, puisqu'il est convaincu que l'idéal de Guts est nettement inférieur au sien. C'est la raison principale de la tension permanente existant entre les deux hommes.

Caska:

Jeune fille, Caska, née dans une famille paysanne pauvre de la frontière, ne connaît de la vie que la guerre, les pillages, la faim et la misère. A tel point que lorsqu'un noble de passage demande à sa famille de l'acheter pour servante, elle est vendue.

Sur le chemin qui l'amène au chateau, alors que son propriétaire tente d'abuser d'elle, le carosse croise le chemin de la troupe du Faucon naissante, celui de Griffith. Celui-ci ne l'aidera pas, mais... lui donnera son épée.

C'est dans le sang libérateur de son maître que naît Caska la guerrière, qui deviendra, dans ce monde misogyne et violent des mercenaires, une femme respectée et honorée. Mis à part Griffith, personne ne la vaut dans la troupe. Et ce dernier, n'attachant d'importance ni aux préjugés ni aux coutumes, fait d'elle son second, son chef d'état major. La jeune femme, voyant en lui son sauveur et celui qui lui a permis de s'arracher à sa condition misérable, lui voue un véritable culte.

Conclusion et notation:

Grande leçon d'anti-manichéisme, mise en garde contre toute forme de pouvoir et tout leader, aussi charismatique soit-il, Berserk est un de ces contes qui traitent l'humanité en ce qu'elle a de plus fondamental, par delà les cultures, les époques, les coutumes. Un conte sanglant qui parle de la nature humaine, si différente des apparences, tourmentée, tortueuse, dans un univers suffisamment chaotique permettant de la laisser s'exprimer dans toute sa grandeur et toutes ses bassesses. L'amitié, l'amour, l'ambition, le sacrifice, la manipulation, le courage, la peur, la haine, la concurrence, la mesquinerie et la grandeur... Berserk, c'est tout cela!

Pour la notation, je penche sur un 9/10 bon poids. Incontournable, de toute manière...

ANIME: Berserk

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