Ce WE, ma ville accueillait une brocante. En m'y baladant avec ma compagne, je suis tombé sur un sabre occidental que j'ai acquis pour une -très grosse ^^- bouchée de pain.

Si c'est une réplique elle est bien faite, ce serait peut-être même un original. Il s'agit, je le pense après recherche web, d'un sabre d'officier d'infanterie Yankee de la Guerre de Sécession.

Après décrassage, affûtage, huilage, la lame fait une belle déco de plus dans mon salon, ajoutant une belle pièce à ma collection comportant un jian (épée de Tai Chi), un katana, et une épée bâtarde (je ne compte pas les armes d'entraînement telles les iaito, bokken et shinai).

Grosse différence d'équilibrage avec un katana, et la saisie à une main est déroutante ! Mais une fois lancée la lame est bien vive, et on sent vite le pouvoir de coupe qu'elle recèle.

L'arme est affûtée sur les trente premiers centimètres de la lame en partant de la pointe, mais aussi sur les dix premiers centimètres au dessus. Sans doute pour les revers et pour augmenter l'efficacité de la pointe, qui ressemble plus à celle d'une épée que celle d'un katana. En fait le sabre est courbé, mais faiblement, et la poignée adopte une courbure inverse par rapport à la lame, ce qui donne une belle allure de "vague" à la globalité.

Curieux du maniement de cette grosse bête (qui dans ma main ressemble plus à une machette qu'à un sabre !), j'ai recherché quelques données sur le maniement de ce genre d'arme, non pas dans l'escrime sportive moderne, mais du temps des guerres napoléoniennes. J'ai trouvé ça:

http://www.kismeta.com/diGrasse/zablocki_SabreFencing.htm

C'est un manuel polonais à l'usage des lanciers.
J'ai aussi un .pdf issu d'un manuel hongrois, mais il traite surtout de l'usage du sabre à cheval. N'étant pas cavalier il a plus valeur de curiosité pour moi. C'est tout de même sympa de voir des illustrations de gardes protégeant le cheval ou les jambes du cavalier !

Si la garde est bien différente de celle du Kendo (une main, corps de profil, pieds ouverts à 90°), les frappes, les feintes, les cibles, etc. sont presque directement transposables ! Hé oui, on y trouve même les équivalents directs de grand ET petit Men ! (ce qui finit de dissiper mes doutes au sujet de la validité "réaliste" des petites frappes au Kendo)

Etant un manuel militaire, il n'explique pas les "règles d'un sport élégant dénué de tout réalisme", et pourtant, les coupes exposées sont:
- le front/la tête
- le poignet portant la lame
- le flanc
- la pique (à la poitrine)
Tiens tiens... Voilà un bon contre-exemple pour les amateurs de boucherie en herbe qui critiquent la "sportisation" du Kendo qui n'autorise pas toutes les frappes sur toutes les parties du corps ^^. Bien sur, le cou est une cible, bien sûr TOUT est une cible en combat réel, mais bon, quand on peut faire Sayu Men on "peut" taper un peu plus bas... Même si on ne le fait pas au Dojo parce qu'on ne veut pas nuire à ses petits camarades... ^^

Par contre, c'est dans l'aspect défensif que ça se gâte: il n'y a pas de déviation délicate de la lame, genre Suriage, mais bien de bons vieux blocages bourrins, façon Kaeshi. Pourtant, l'arme en main, ça semble très faisable, d'autant que la tenue à une seule main semble augmenter la mobilité de l'arme, cependant au prix d'efforts musculaires supérieurs. Un petit manque de subtilité orientale dans tout ça ? ^^

En tout cas, la problématique de la tenue à une main est intéressante: le corps est plus loin, le poignet semble plus que jamais une cible juteuse et prioritaire, et la tête vient en second. La pique, également, gagne en importance.

La garde principale tenant le sabre tout droit debout sur la main, pose aussi la question du maai, plus difficile à appréhender, du coup, que sur une garde Chudan.

Bref, c'est un art à la fois très semblable et très différent, et du coup très intéressant !

Sabre occidental

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