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Shugyo
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23 mai 2008

IV- LE CORPS

I-                   Le Corps

a.       L’équilibre de la posture

Une bonne posture se définit par plusieurs critères, certains s’opposant, illustrant le plus parfait exemple intellectuel et physique de l’équilibre.

Une bonne posture ne doit pas être fatigante pour tout ou partie du corps.

Elle doit permettre une mobilité, une disponibilité totale du corps.

Elle doit s’appuyer sur une égale répartition du poids du corps sur les deux pieds.

Elle doit permettre de respirer avec la totalité de poumons (respiration abdominale).

La tête doit être comme suspendue par un fil attaché au crâne au niveau de la colonne vertébrale, le dos doit être droit, ni courbe ni penché en avant ou en arrière.

b.      La respiration

La respiration doit être lente, profonde, abdominale (en poussant sur le diaphragme en en respirant avec le ventre, le bas de poumons). Ainsi on évitera l’épuisement par asphyxie, et on gardera son corps en éveil, et son esprit calme et lui aussi dispos. Tous les arts martiaux, mais aussi d’autres arts (chant choral notamment) insistent sur ce type de respiration, ce n’est pas pour rien ! Il n’y a pas de Kiai (cri libérant l’énergie du corps et de l’esprit) comme en Kendo, ça n’est pas une raison pour ne pas profiter des avantages de cette manière de respirer que tous les gens habitués aux efforts violents connaissent bien : les bûcherons travaillant à la hache, les tennismen au service, il y a de nombreux exemples de cri lâché lors d’un gros effort. Ce cri permet d’expirer totalement avec force, lentement, permettant une bonne oxygénation du corps. Il est tout à fait possible de ne pas crier et de réaliser quand même cette respiration. Les pratiquants du Iaido en sont un bon exemple. C’est simplement plus difficile.

c.       La synchronisation

Il n’y a rien en escrime médiévale d’aussi formalisé que les notions de « Ki Ken Tai No Itchi » en Kendo. Les maîtres ayant rédigé les ouvrages de référence, s’adressant à un parterre de gens déjà initiés à l’escrime, insistent peu sur le travail des pieds, la position des mains, la tenue du corps, le rythme, la synchronisation des gestes. Ca n’est pas parce que c’est inutile. C’est simplement parce que ces pré-requis sont tellement essentiels qu’un escrimeur du moyen age les ignorant aurait été tué avant d’avoir reçu l’enseignement des ces maîtres confirmés. Sans eux, il n’y a pas d’escrime possible. Pas de coupe possible. Pas de dynamique possible.

Déplacer une arme d’un kilo et demi ou deux kilos de telle manière à couper un adversaire suffisamment pour le mettre hors de combat ne se fait pas à la seule force des bras. Même avec une excellente musculature, se servir des bras « en force » est un excellent moyen de se crisper, de perdre de l’allonge et de la vitesse, et donc de perdre la vie rapidement dans le contexte moyenâgeux. Quand on dit qu’il faut être fort, cela veut dire qu’il faut une force naturelle (sans « forcer ») suffisante pour se déplacer sans peine, avec son arme et ses protections, pour arriver à produire suffisamment d’énergie cinétique pour que son arme soit efficace. Peu de gens au 21e siècle sont naturellement assez forts pour cela, nous sommes bien trop sédentaires. Voilà pourquoi se préparer physiquement est si important.

Mais la véritable force de l’escrime, quelque soit sa provenance ou son époque, porte un seul nom : l’élan. C’est en déplaçant toute la masse de l’ensemble du corps qu’on amasse assez d’énergie pour manier efficacement son arme et couper quelque chose. L’élan est de deux type : linéaire, ou/et rotationnel. Le Kendo et l’escrime moderne se basent sur l’élan linéaire du corps propulsé en avant, l’escrime médiévale et le kenjutsu utilisent aussi l’élan linéaire, quoique de manière moins affûtée, mais surtout l’élan rotationnel de tout le corps : les jambes, le formidable volant d’inertie des hanches, celui des épaules, et ensuite, et seulement ensuite, les coudes, et les poignets, qui donnent la finesse nécessaire à diriger la lame.

Cette force du corps doit être appliquée sur le point critique : le moment où la lame touche la cible. L’idée derrière la synchronisation est de passer toute l’énergie cinétique du corps dans la partie de la lame qui coupe, tranche, ou perce (le faible, le tiers terminé par la pointe), afin de maximiser l’effet de la frappe. Pour cela, juste au moment de la frappe, l’énergie cinétique linéaire et/ou rotationnelle du corps doit être maximale, et le corps doit s’arrêter brusquement, afin que cette élan parte dans l’épée et ne porte lui-même la frappe. Réaliser cela est facile conceptuellement et ardu en pratique : il faut que le pied terminant le pas d’attaque frappe le sol au moment ou la lame touche la cible. Cette exigence, qui est un des fondamentaux du Kendo, ne doit pas être moins importante dans l’esprit du praticien d’escrime médiévale européenne.

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